Introduction à l’Islam
La religion Islamique a vu le jour grâce à son prophète Muhammad qui a reçu les paroles divines d’Allah par l’ange Gabriel. Comparativement au Christianisme, la loi divine de l’Islam incite ses croyants à la recherche du savoir et enseigne une compatibilité entre le savoir et la religion. Cet encouragement à la recherche du savoir est démontré par plus d’un verset dans le Coran et dans les traditions du prophète.
D’abord, le premier mot relevé révélé au prophète Muhammad, faisait référence à un savoir particulier et le poussait à l’acquérir. C’est ainsi qu’Allah communique le premier verset à son messager :
« Lis, au nom de ton Seigneur qui a crée toute chose, qui a crée l’homme d’une adhérence. Lis! Ton Seigneur est le très noble, qui a enseigné par la plume, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas »[1].
Ce verset du Coran prouve qu’Allah incite Muhammad à lire et le rappelle qu’il a émis un savoir à l’homme. De plus, il a aidé l’homme à apprendre ce qu’il ne connaissait pas tel, l’utilisation d’un crayon dans l’écriture . D’ailleurs, le prophète continuera à propager ce message et à encourager les musulmans de partir à la recherche du savoir. Un de ses hadîts (messages) qui a été mémorisé mentionne que le prophète Muhammad a dit :
« Si n'importe qui voyage sur une route à la recherche de la connaissance, Allah le fera voyager sur une des routes du paradis… La supériorité de l'homme instruit au-dessus du dévot est comme celle de la lune, la nuit quand elle est pleine, au-dessus du reste des étoiles ».
De plus, il a notamment rappelé les aux musulmans que lorsqu’une personne meurt, les anges cessent de compter ses bonnes actes sauf trois : « une sadaqa jariya (une œuvre de charité infinie), une connaissance qu’il a laissé (pour le bénéfice des générations à venir) et un enfant pieux qui prie pour lui ».
Ibn Rochd : l’Averroès de l’Occident
C’est dans ce contexte historique qu’apparaissent plusieurs philosophes musulmans qui marqueront la période d’or de la civilisation Islamique : le Moyen-Âge. L’un d’eux se nomme Abû’l-walîd Muhammad Ibn Ahmad Ibn Muhammad Ibn Ahmad Ibn Ahmad Ibn Rochd . Il exerça une grande influence sur l’Occident sous le nom d’Averroès (le nom latin qui lui est attribué par les Occidentaux).
Ibn Rochd naît à Cordoue, en Espagne durant l’année 520 de l’hégire Musulman (année 1126 de l’ère Chrétienne). Sa famille était composée de plusieurs juristes musulmans (dont son père et son grand-père) et ils exercèrent une grande influence sur le jeune Ibn Rochd. Il décida alors de se consacrer à l’étude du droit musulman, et s’intéressera plus tard à la philosophie et à la médecine. À l’âge de 45 ans, il devient juge (qadi) à Séville et regrette son éloignement de Cordoue, cette ville qui lui est si chère. Puis, il deviendra qadi à Cordoue et écrit plusieurs œuvres qui lui valent une la renommée. En l’an 578 de l’hégire (A.D.1182), il devient médecin personnel de l’émir Yusuf au à Marrakech à la demande de ce dernier et en remplacement d’Ibn Tufayl. Deux ans plus tard, Ya’qub al-Mansur succède à son père Yusuf, le roi du Maroc, et commence à se mettre en doutedouter de la pratique foi religieuse d’Ibn Rochd. Il Celui-ci meurt dans l’isolement en l’an 595 de l’hégire (A.D.1198) sans avoir jamais revu l’Espagne.
Si Ibn Rochd est si connu en Occident, c’est grâce à ses grands commentaires de la philosophie d’Aristote. Il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages philosophiques tels : Commentaire moyen à la rhétorique d’Aristote, L’effondrement de l’effondrement, L’Islam et la raison et L’accord de la religion et de la philosophie.
Compatibilité entre savoir et la religion
Dans son livre intitulé « L’accord de la religion et de la philosophie », Ibn Rochd se questionne sur la compatibilité entre de la philosophie (la sagesse) et de la religion. Son but est donc de démontrer si le savoir philosophique est défendu ou permis par la loi religieuse de l’Islam.
Il part du constat que la philosophie est une spéculation (théorie) de l’univers et qui se questionne abondamment sur la nature afin de découvrir la beauté et la vérité divine. D’autre part, il constate que le Coran, convoque ses croyants à une étude rationnelle et approfondie de l’univers. Il fait ainsi référence au verset suivant du Coran :
« Dis: Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas? Seuls les doués d'intelligence se rappellent »[8].
Ce verset permet à Ibn Rochd de prouver que la loi divine de l’Islam incite ses croyants à conquérir le savoir et à comprendre que ceux qui détiennent la connaissance sont supérieurs à ceux qui ne la détiennent pas.
Par ailleurs, Ibn Rochd constate que la connaissance des hommes est inférieure à celle de Dieu. La connaissance des hommes est conditionnée par l’objet et est sujette à changement avec le temps et le lieu. Tandis que la connaissance de Dieu est l’opposé et elle est la condition même de l’objet (de l’être). Il prouve cela en se référant au verset qui suit :
« Et ils t'interrogent au sujet de l'âme, - Dis: "L'âme relève de l'Ordre de mon Seigneur". Et on ne vous a donné que peu de connaissance »[11].
Un autre verset important du Coran mentionne que la connaissance de Dieu est infinie et n’a aucune limite :
« Quand bien même tous les arbres de la terre se changeraient en calames (plumes pour écrire), quand bien même l'océan serait un océan d'encre où conflueraient sept autres océans, les paroles d'Allah ne s'épuiseraient pas. Car Allah est Puissant et Sage »[12].
Donc, la philosophie relève d’une nécessité dans le savoir et l’Islam incite ses croyants à faire usage d’un raisonnement rationnel en étudiant le savoir par le syllogisme rationnel, soit la démonstration. L’étude de la philosophie serait alors une obligation par la loi religieuse et un enseignement que l’on ne peut refuser à quelqu’un de l’étudier, sous prétexte qu’elle contient des erreurs, car ce serait comme interdire à quelqu’un de boire de l’eau sous prétexte que des gens se sont noyés dans l’eau.
Toutefois, l’auteur Ibn Rushd souligne qu’aucun homme ne peut découvrir tout le syllogisme rationnel et juridique. Donc, il devient du devoir des individus de découvrir ce que les autres peuples précédents avaient déjà écrits (Ex. les Grecs) et d’analyser leurs œuvres, que ce soient leurs points forts ou faibles et ce, même si les Anciens n’étaient pas des musulmans. La citation suivante d’Ibn Rochd le démontre :
« …d’examiner ce qu’ils ont dit, ce qu’ils ont affirmé dans leurs livres. Ce qui sera conforme à la vérité, nous l’accepterons avec joie et avec reconnaissance; ce qui ne sera pas conforme à la vérité, nous le signalerons pour qu’on s’en garde, tout en les excusant ».
Donc, puisque le but des Anciens peuples est le but de la loi divine, il devient important d’étudier ce qu’ils ont écrit, car c’est en faisant cela que nous découvrirons le chemin qui nous conduira à la connaissance intuitive, qui est celle de Dieu. Ainsi, la loi religieuse est une vérité qui se prouve par la vraie science (hikma) et la pratique.
Les composantes de la loi divine
Ibn Rochd souligne que les mutakallimin ach’arites et les philosophes anciens ont distingué trois sorte d’êtres. L’un de ces êtres qui se situe à une extrémité est nommé produit et provient d’une chose efficiente et son existence a eu lieu après les temps. Il s’agit de tous ce qui existe sur la terre soit, l’eau, la terre, les animaux ou les plantes. La deuxième extrémité de l’être nommé éternel, se situe à l’opposé. Cet être n’est pas formé de quelque chose et il n’y a aucun temps qui l’a précédé. Il s’agit ici de Dieu, le Béni et le Miséricordieux. C’est lui qui donne la vie et l’existence aux produits et aux hommes. Quant à l’être qui se situe entre ces deux extrémités, soit entre Dieu et les êtres produits, il s’agit d’un être qui est formé d’un agent et aucun temps ne l’a précédé. Il s’agit du monde dans son ensemble.
Or, dans le Coran, il est mentionné que la forme véritable du monde est produite, et qu’il y avait un temps et une existence avant l’apparition de ce monde. Cette vision philosophique d’Ibn Rochd est très avancée et profonde lorsqu’on tient compte du temps dans lequel il a vécu. Cela démontre la maturité d’une philosophie Islamique compatible avec la loi divine.
De ce fait, Ibn Rochd observe que les moyens d’enseignement conventionnels n’aident pas à étudier ces trois formes d’êtres. Ainsi, on a besoin de deux sortes d’enseignement : la conception et l’assentiment (démonstration), qui est la forme de syllogisme la plus parfaite. Toutefois, il faudrait selon lui, connaître les distinctions entre les différentes méthodes d’assentiment que l’on retrouve dans le livre précieux du Coran :
· démonstratif (réservée aux savants)
· dialectique (réservée à un plus grand nombre)
· oratoire (réservée à tous les hommes)
De plus, l’auteur mentionne qu’il existe deux sortes de conception dans l’enseignement : la chose elle-même ou son symbole. Par exemple, chaque mot dans le Coran ou les traditions du prophète peut avoir un sens connoté ou dénoté. Chaque humain détient une façon propre à lui de comprendre l’un des deux sens. Donc, en offrant toutes ces méthodes d’assentiment et de conception, la loi divine de l’Islam est flexible, car elle parvient à rejoindre un plus grand nombre de croyants et par conséquent, à réaliser son but qui consiste à l’enseignement de tous et ce, sans exception.
En outre, Ibn Rochd affirme que c’est en faisant de la spéculation démonstrative qu’on parviendra à interpréter les versets coraniques. Toutefois, il soutient que « la loi divine n’est en désaccord par son sens extérieur, avec les résultats de la démonstration ». Les musulmans parviendront alors à comprendre les paroles d’Allah relevée dans le Coran en interprétant les versets d’une manière qui consiste à passer du sens propre au sens figuré tout en maintenant l’usage propre de la langue des Arabes et « … en donnant métaphoriquement à une chose le nom d’une chose semblable, ou de sa cause, ou de sa conséquence, ou d’une chose concomitante, ou en usant d’une autre métaphore couramment indiquée parmi les figures de langage ».
Le conflit intellectuel de l’interprétation
Or, il semblerait que ces méthodes divisent les musulmans en trois classes : des hommes qui n’acceptent pas d’interpréter, des hommes qui interprètent par la dialectique et des hommes d’interprétation certaine.
De plus, Ibn Rochd constate un conflit chez les musulmans qui résulte dans le fait qu’ils ne s’entendent pas tous sur les versets coraniques qu’il faut interpréter et encore moins, sur l’interprétation donnée.
Par exemple, les interpréteurs acceptent l’interprétation de ce verset par le sens propre : « Il n'y a rien qui Lui ressemble; et c'est Lui l'Audient, le Clairvoyant »[28]. Les musulmans acceptent ce verset quant à la forme auditive et clairvoyante de Dieu. Donc, la meilleure attitude est de nae pas aller plus loin que la loi et de ne pas attribuer des fausses interprétations concernant la corporéité de Dieu. Par conséquent, ils s’entendent sur une conclusion pour éviter d’aller très loin : Dieu est lumière.
D’autre part, il y a des passages qui ont un sens extérieur et dont l’interprétation relève d’une obligation, comme dans le cas du verset suivant : « Et adore ton Seigneur jusqu'à ce que te vienne la certitude (la mort) »[30]. Dans ce verset, le mot « certitude » doit être interprété avec un sens figuré qui se conforme avec l’usage propre de la langue Arabe. L’interprétation conclue et acceptée par la quasi-totalité des musulmans a été que la certitude signifie la mort dans ce verset.
Toutefois, Ibn Rochd mentionne que la loi divine de l’Islam comporte une troisième catégorie de textes qui contient des doutes de la part de plusieurs savants quant à son interprétation. Ce sont des passages de la loi divine qui ne sont pas sujets à interprétation (d’hérésie), faute de quoi, la personne sera blâmée d’infidélité. Par exemple, les passages des textes qui définissent le jour du jugement dernier et la fin du monde ne sont pas toujours sujets à interprétation. D’ailleurs, plusieurs contestent une interprétation, car ils considèrent que le jour du jugement dernier n’a pas encore eu lieu. D’autres croient qu’ils peuvent les interpréter, car les savants ne doivent pas les prendre à la lettre. Malgré ces mésententes, celui qui s’y trompe est excusable.
Cependant, Ibn Rochd constate que les plus grands savants peuvent aussi commettre des erreurs qui leur sont pardonnables, car les erreurs commises sont une spéculation des concepts non certains. D’ailleurs, une des règles de l’Islam soutient que celui qui fait des efforts pour interpréter les versets du Coran doit être récompensé. S’il parvient à une interprétation vraie, il aura deux fois plus de récompenses que s’il se trompe. D’autre part, il y a ceux que dont l’leur interprétation n’est pas pardonnable, car ils sont ignorants dans le domaine. Il devient alors du devoir de chaque musulman de connaître le Coran et les principes de l’Islam, mais lorsqu’un musulman est questionné sur un sujet d’interprétation et dont il ne connaît pas la réponse et n’en est pas sûre, il doit s’abstenir de répondre en donnant des mauvaises informations et d’avouer qu’il ne connaît pas la réponse en affirmant que seule « Dieu le sait ». Par la suite, lorsqu’il connaîtra la réponse à un sujet ou une interprétation donnée, il pourra la divulguer.
Donc, le rôle attribué aux savants dans l’Islam est grand, car en plus de posséder des connaissances sur l’Islam, ils sont responsables d’enseigner les autres musulmans qui ne possèdent pas tous les savoirs nécessaires. De plus, ils doivent éviter d’interpréter des versets dont ils sont incertains, car si ils commettent une erreur et que des croyants les croientcroiraient et qu’ils auraient commis une erreur, ils seront tous jugés d’infidélit puisque les gens qui les suivent ne saisissent que le sens extérieur du verset et non l’interprétation (souvent, ils n’ont pas la capacité d’interpréter).
Conclusion
Bref, les principes dictés par la loi divine sont celles ceux qui mèneront à la béatitude de l’âme et à la vie future. Ibn Rochd déduit que les différentes et les fausses méthodes d’interprétation sont celles qui ont conduit à des sectes dans l’Islam et qui par conséquent, sèment poussent les croyants à juger l’autre d’infidélité due aux mauvaises interprétations. Pour lui, les premiers musulmans atteignaient la vertu et la béatitude, car ils ont fait usage de ces arguments d’une bonne manière, tandis que les musulmans qui les suivirent ont suivi des mauvaises méthodes d’interprétation qui les ont menées à une séparation et une faible crainte de Dieu. Ces ach’arites et mu’tazilites ont employé des interprétations qui ne sont pas toujours conformes aux arguments du Coran puisqu’ils « … n’ont pas de force de persuader, ni ne contiennent de quoi éveiller l’attention sur la vérité, ni ne sont vraies ».
L’Islam est donc une religion qui incite ses croyants à la recherche de la connaissance et du savoir afin qu’ils soient récompensés par Dieu et qu’ils approfondissent leur foi intérieure. C’est cette religion qui a conduit la civilisation Islamique à être renommée en tant que savants et qui a contribué grandement au développement de l’Occident. Toutefois, la même religion fait face aujourd’hui a des accuses d’extrémisme et d’arriéré de la part de l’Occident. Or, la puissance et la force d’un État ne sont jamais éternelles, mais le message de l’Islam reste le même puisqu’il n’y a qu’un seul Coran. Donc, même si les musulmans vivent une période négative de leur histoire, cela ne les empêchera pas de revenir en force avec leurs connaissances, car ils sont tels un feu sous les cendres qui risque à tout moment de se réveiller et de se propager.
[1] Coran (96, v 1-5)
[8] Coran (39, v-9)
[11] Coran (17, v-85)
[12] Coran ( 31, v-27)
[28] Coran (42, v-11)
[30] Coran (15, v-99)
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